Aux antipodes (Madison)

Je marchais dans le couloir pour enfin sortir et prendre un peu d’air. Comme tireur d’élite j’avais dû protéger un riche banquier d’un assassin cherchant à s’approprier son identité et sa banque. Ça avait été une longue journée, ennuyante et passée au soleil tapant de la Floride, à surveiller les moindres mouvements des voisins, et surveiller les entrées et sortit de la luxueuse maison. Je n’aimais pas la chaleur, la journée avait été plutôt pénible, rien d’intéressant ne s’était produit. J’étais encore complètement vêtu de mon uniforme sombre, je n’avais qu’une envie et c’était de me changer et prendre une douche. Froide de préférence. Il y avait beaucoup de gens dans le couloir, je n’adressais la parole à personne, faisant mon chemin le plus rapidement possible. J’étais presque parvenu aux portes lorsque dans tout ce monde, une jeune femme devant moi échappa son téléphone. Je me penchais pour le prendre en soupirant, il y a bien longtemps je l’aurais sans doute gardé, mais avec tous ces yeux sur moi, je me contenterais de le lui rendre. Les doigts me brûlaient de fouiller son contenu, d’apprendre qu’elle secret était enfouie dans ce petit gadget. Moi qui avais espéré ne pas avoir à parler, je dus me résigner à ouvrir la bouche, avec cet accent étrange qui ne ressemblait pas du tout à ma voix.
- Excusez-moi. Dis-je d’une voix basse.
Bien évidemment puisque le karma était contre moi, je dus me répéter et attirer l’attention de plusieurs personnes sur moi.
- Ton téléphone. Dis-je plus fort, fronçant le nez de dégoût en entendant le son de ma voix et cet accent auquel je ne m’étais pas habitué.
La jeune femme se retourna vers moi et fouilla son sac à main avant de lever les yeux vers moi, un sourire gêné aux lèvres.

Ma journée au boulot a été plus qu'ennuyante. Nous tournions en rond sur notre affaire et rien n'avançait du tout. J'avais eu beau réexaminer le corps des dizaines de fois, je ne trouvais rien de neuf pour aider mon équipe. Les minutes passaient comme des heures et je regardais l'horloge à chaque minute tellement je m'ennuyais, mais ma journée ne semblait que plus longue. Quand finalement l'heure de ma liberté arriva, je pris rapidement mon sac pour rentrer chez moi. Peut-être qu'à tête reposée installée tranquillement au salon, je verrais les choses sous un autre angle et donc je pourrais faire avancer l'enquête. Alors que j'allais sortir du bâtiment, je réalise que je suis partie tellement vite que j'ai oublié mon porte feuille dans ma case. C'est en soupirant que je reviens donc sur mes pas tout en fouillant mon sac de fond en comble pour m'assurer qu'il ne serait pas dans mon sac et ainsi m'empêcher de devoir remonter. Finalement, aucune trace de mon porte monnaie, donc je suis obligée de remonter. Cependant, suis tellement impatiente de rentrer que je ne remarque pas que pendant mes recherches j'ai échappé un autre bien précieux: mon téléphone. En plus je me retrouve dans une foule, ce qui me ralentit encore plus. Avant que j'atteigne l'ascenseur, j'entends un home élever la voix qui contraste avec le silence gêné du groupe. Je me retourne alors vers lui par réflexe et je dois avouer que je suis plutôt surprise. Il s'agit d'un jeune homme difficile à ne pas remarquer, certes il portait des vêtements sombres, mais cela lui conférait un certain charme. Ce qui m'intrigue surtout c'est que normalement les visages des gens du boulot me sont familiers, mais le sien ne me dit rien du tout. Un visiteur peut-être? Je finis par arrêter de le dévisager quand je remarque qu'il tient un téléphone dans sa main très semblable au mien. Je fronce alors les sourcils et fouille dans mon sac pour remarquer que cet objet aussi est manquant. J'affiche alors un sourire un peu embarrassé pour le lui prendre des mains. J'allume l'écran d'accueil pour confirmer que c'est bien le mien puis le remet dans mon sac avant de porter à nouveau attention à l'inconnu.

-Merci vraiment beaucoup, j'ai juste hâte de partir alors je crois que je ne suis pas toute là... C'est bizarre mais votre visage ne me dit rien. Vous êtes un visiteur? Pourtant vous n'avez pas la passe pour les visites...

C'est vrai que je ne lui dis pas grand chose, mais en même temps je ne veux pas le bombarder de questions.

Elle me dévisagea un long moment et je fronçais un peu les sourcils, n’étais-ce pas son téléphone ? Je tendis à la jeune femme le téléphone, qu’elle s’empressa de prendre et d’allumer pour vérifier qu’il s’agissait bel et bien du sien. J’attendis là, maladroitement, j’étais fatigué et je ne savais pas vraiment où regarder ni que faire. Je comprenais qu’elle aille envie de partir, il me semblait que cette journée avait été interminable pour tout le monde, j’hochais la tête doucement. Je perdis quelque peu le reste de sa phrase, je n’étais pas aussi concentré que j’aurais dû l’être, et mon cerveau parvenait mal à traduire de l’anglais au russe. Je la fixais l’espace d’un instant essayant de déchiffrer ce qu’elle m’avait dit, repassant ses mots dans mémoire. Je parvins tant bien que mal à en comprendre la plupart, quoiqu’avec un certain délai.
- Je suis nouveau. Dis-je simplement en haussant les épaules. Tireur d’élite. Lui laissais-je savoir.
Le moins de mots possible, le plus facile de m’exprimer, s’aurait été beaucoup plus facile si les gens comprenaient ma langue maternelle. Je mis un certain moment avant d’étendre le bras vers elle, lui présentant ma main. Je n’avais pas vraiment envie de socialiser, mais puisque j’allais travailler ici pour un bon moment, autant commencer du bon pied.
- Nikita.

Alors que j'attends la réponse de mon interlocuteur, celui-ci me fixe dans un silence qui devient un peu malaisant. Pourquoi ne dit-il rien? Peut-être n'a-t-il pas envie d'étirer la conversation, mais alors pourquoi reste-t-il à me regarder? Je n'ai rien dit de déplacé pourtant, je lui ai simplement demandé ce qu'il faisait ici sans passe de visiteur. De mon avis, ce n'est pas une question très compliquée qui demande autant de réflexion. J'hésitais moi-même à partir puisqu'il semblait ne rien ajouter et que je n'avais guère envie de m'éterniser au boulot, mais finalement il ouvrit la bouche. Quand il m'informa qu'il était un nouveau dans l'équipe je fus plus que surprise. Nous avions un nouveau collègue et personne ne m'en avait informé?! Bon il était peut-être arrivé pendant mes trois jours de congé, mais ce n'est pas une raison pour ne pas me l'avoir annoncé plus tôt. Je suis d'autant plus surprise quand il spécifie qu'il est tireur d'élite. Un enquêteur qui sait très bien viser... Je sais bien qu'il sera probablement utile dans l'équipe, mais je ne me doutais pas qu'Horatio était à la recherche d'un tel agent. Par le fait qu'il ne disait que des phrases très courtes et par son accent très prononcé, je finis par comprendre qu'il n'est probablement pas très à l'aise avec l'anglais et que c'est la raison pour laquelle il a tardé à parler. Quand nous sommes dans des lieux publics, mon frère et moi nous amusons à écouter les gens autour de nous et à tenter de deviner leur accent. Pour le jeune homme, je crois qu'il pourrait être d'origine russe, mais je n'en suis pas totalement certaine puisque je mélange parfois les Russes, les Norvégiens, les Suédois et autres scandinaves. Mon nouveau collègue me tend soudainement la main avant de dire ce que je devine être son nom : Nikita. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un avec un tel prénom auparavant. Heureuse de voir qu'il est ouvert à faire connaissance, un immense sourire s'affiche sur mon visage. Je n'apprécie pas trop les personnes timides et asociales qui fuient toute conversation. Ce Nikita semble plutôt sympathique. Je serre donc sa main avec un certain entrain avant de me présenter à mon tour.

-Enchanté Nikita, moi c'est Madison, mais tout le monde ici m'appelle Madi. Je suis le médecin légiste alors je passe mes journées enfermée dans la morgue, c'est sûrement pour cette raison qu'on ne s'est pas vus avant. Je n'étais pas au courant de ta venue. Bienvenue parmi nous! Cela se voit que tu n'es pas d'ici. Tu es de quelle origine? Je dirais russe, mais j'ai tendance à me tromper entre les langues scandinaves. Ça te dérange si on continue de parler en marchant? Parce que là je crois qu'on bloque le chemin et je dois aller récupérer mon porte monnaie avec qu'ils verrouillent l'étage.

Maintenant qu'il semblait enclin à discuter avec moi, je ne me gênais plus pour parler davantage. Par contre je ne doute pas que ce sera un peu compliqué de tout déchiffrer, mais bon c'est plus fort que moi.

Elle posa délicatement sa main dans la mienne, et la serra. Elle me sourit largement et je ne sus que faire, mon expression s’adoucit, mais je ne souriais pas, ce n’était pas dans mon habitude. Sourire était devenu difficile avec les années. Je faisais de mon mieux pour suivre son train de conversation, une fois que l’on s’habituait à son débit et à la manière dont elle formait ses mots, il était plus facile de suivre Madison dans ses élans de conversation. Je n’avais pas l’habitude de travailler avec des médecins légistes, par chez moi, nous les évitions, ils étaient une sorte de mauvais augure. Bien évidemment personne n’avait été au courant de mon arrivée à Miami, cela s’était décidé à la dernière minute et j’avais dû prendre l’avion de Washington jusqu’en Floride en une nuit. Mais bon, je ne me plaignais pas. Je me raidis lorsqu’elle me demanda si j’étais russe. Je fronçais les sourcils avant de hocher la tête légèrement méfiant.
- Oui, je suis Russe. Dis-je m’efforçant de ne pas trop serrer les dents.
Le moins les gens en savaient sur moi, le mieux tout le monde s’en portait. Je jetais un regard rapide autour de moi avant de suivre Madison, observant les alentours pendant qu’elle récupérait son portefeuille. J'aurais bien voulu être sorti d'ici. Je me demandais vaguement s’il s’agissait d’une habitude chez elle de parler autant. Je regardais l’horloge accrochée au mur et me consolait en me disant qu’au moins, personne ne m’attendait chez moi.

Je suis un peu déçue quand je ne le vois pas réagir à mon sourire. J'avais cru arriver à au moins lui arracher un mince sourire au coin des lèvres, mais non, rien du tout. C'est à ce moment que je me demande s'il sait sourire ou bien si c'Est parce qu'il trouve son sourire moche. Il y a des gens comme ça qui déteste leur rire ou bien leur sourire et pour cette raison ils affichent un air bête, il y en a d'autres que c'est simplement parce qu'ils sont toujours de mauvaise humeurs et la dernière catégorie ce sont les personnes indifférents. Je pencherais davantage pour la troisième catégorie puisqu'il parle très peu et que pourtant il reste avec moi, alors que s'il avait été dans la première catégorie il aurait été plus bavard et dans la deuxième il aurait carrément refusé de poursuivre la discussion et serait parti sans plus. Je dois avouer que je suis plutôt satisfaite qu'il accepte de continuer à m'écouter et à me tenir compagnie, j'adore rencontrer de nouvelles personnes et surtout de ne pas être seule. Quand il me confirme ses origines, un sourire de fierté étire mes lèvres.

- Et un point pour moi! Avec mon frère on s'amuse à deviner les accents des personnes, mais je perds tout le temps... Je suis contente de savoir que je m'améliore.

Alors que je prends la route vers les casiers, il me suit ce qui me satisfait encore plus. La première connection semble s'être bien passée, il ne me restait plus qu'un objectif à accomplir qui serait très difficile: le faire sourire. Mon but dans la vie est de rendre les gens heureux et me retrouver face à un collègue aussi inexpressif n'était qu'une épreuve qui se dressait sur ma route pour me tester en quelque sorte.

-Je dois t'avouer que je suis surprise qu'Horatio ait engagé un tireur d'élite, il n'en avait jamais fait mention auparavant. Quoi que ce pourra être pratique pendant les filatures ou bien les arrestations. Les tireurs d'élite semble avoir un sens de l'observation aiguisé, ce qui peut-être utile pour les enquête...Bref ça semble une bonne idée de combiner ces deux métiers, même si je n'y avais jamais pensé auparavant... Tu ne parles pas beaucoup, je suis certaine que tu vas bien t'entendre avec mon amie Amy. Elle travaille pour la balistique et elle aussi préfère écouter plutôt que d'ouvrir la bouche. Elle est d'origine italienne... Le bureau va devenir rapidement multiculturel à ce rythme.

J'arrive finalement à mon casier et compose mon numéro. Quand je tire sur mon cadenas, celui-ci refuse de s'ouvrir. Je grimace un peu de mécontentement et répète alors la manoeuvre, sans plus de succès. Je commence alors à m'énerver un peu, ces temps-ci il était très difficile à déverrouiller et ça commençait à vachement m'énerver. Je regarde alors Nikita, un peu gênée de lui faire perdre son temps.

-Désolée, il est plutôt têtu...

Je tire de plus en plus fort sur mon cadenas sans réussir.

-Tu vas t'ouvrir à la fin oui?!

Madison parlait beaucoup, j'en avais la tête qui tournait, mais j'arrivais tout de même a ne manquer aucun bout de conversation. Je n'avais jamais connu personne qui soit comme elle. J'avais l'habitude de me tenir avec des gens froids qui ne m'accordait pas même une pensée ou un regard. C'était un changement étrange, je ne savais pas trop comment me comporter et pourtant...prétendre être quelqu'un que je n'étais pas...eh bien c'était une de mes spécialités. Elle me parlait de ses jeux étranges avec son frère...est-ce que tout les frères et soeurs étaient comme cela? La notion de famille...c'était d'une absurdité, comme quelqu'un pouvait être si près d'une autre? Lui faire confiance a se point? Deviner un accent devait certes être dure, en imiter un, encore plus. Puis elle se mit a parler plus vite encore qu'au paravant et le seul mot que je pu comprendre était Amy...elles étaient donc amies toutes les deux.
- Je connais Amy. Dis-je en hochant la tête, je ne pouvais pas dire que j'étais très friand d'elle. Trop Italienne. Dis-je.
Les Italiens ne m'aimaient pas et c'était réciproque. Madison semblait avoir de la difficulté avec son casier, il semblait vouloir rester fermé. Je n'avais pas l'éternité devant moi et l'idée de passer la nuit ici m'embêtais. Son cadenas semblait refuser de coopérer.
- Deux coup derrière. Dis-je sans même penser. Mécanisme déclenchera.
Dieu seul sait combien de cadenas j'avais déjoué dans ma vie.

Il est vrai que j'aime bien avoir de la compagnie et discuter avec des personnes que je ne connais pas. Cependant, je me sentais toujours mal de faire perdre son temps à quelqu'un, tout comme je le fais en ce moment envers ce pauvre Nikita à cause de ce stupide casier têtu. Plus je faisais de tentatives et plus je perdais patiente. Je dois avouer que je suis surprise qu'il ne démontre aucun signe d'impatience et qu'il se contente de rester debout à côté de moi et d'attendre que je me procure ce que je suis venue chercher. Tout en tentant de composer mon code pour la énième fois, je tourne les yeux vers lui quand il prononce le nom d'Amy. Il l'a donc déjà rencontrée et pour cette raison je suis un peu rancunière envers mon amie. Elle ne m'a même pas mise au courant de l'arrivée d'un nouveau! Je vais la sermonner la prochaine fois qu'on se voit. Elle doit me mettre au courant des dernières nouvelles quand je ne suis pas là pour en être témoin! Cependant, quand il me répond qu'elle était trop italienne à son goût, mais surtout par la tonalité de sa voix, je comprends que leur rencontre ne s'est pas super bien passé, ce qui peut expliquer qu'elle ne m'ait pas mise au courant. Je ne pensais pas que les italiens et les russes ne s'appréciaient pas. Je me dois d'exprimer mon incompréhension.

-Qu'est-ce que tu veux dire par trop italienne? Qu'est-ce qui te déplaît chez eux? Elle a passé une bonne partie de sa vie en Amérique et je ne vois pas tant de différence entre ma culture et la sienne alors je ne comprends pas vraiment où tu vois la différence.

Quand il me donne une astuce pour régler mon problème, je suis un peu sceptique. Pour ne pas l'offusquer je fais tout de même ce qu'il dit et miracle, mon casier s'ouvre! Je souris alors a nouveau et prend mon porte monnaie sans hésiter avant de le remettre dans mon sac.

-Merci vraiment beaucoup! Tu sembles avec beaucoup d'expérience avec les casiers, je saurai qui contacter la prochaine fois. Cela fait deux fois que tu me sauves la vie aujourd'hui, je devrai trouver une façon de te rendre l'appareil bientôt avant que tu ne me rendes trop de services.

Je referme mon casier et me dirige vers la sortie. Je pousse sur la poignée, mais me heurte à la porte. Je fronce les sourcils et pousse à nouveau. Toujours rien... Au cas où j'essaie de tirer, mais aucun résultat non plus. Je vois alors les lumières s'éteindre dans la pièce ainsi que dans le couloir d'en face. Je comprends alors ce qui se passe et par réflexe je tente de pousser la porte encore plus fort. Puisque l'enquête n'avançait pas, on était restés assez tard dans l'espoir que l'on trouve quelque chose dans la journée. Je ne pensais quand même pas qu'il était si tard! Je commence à frapper contre la porte en espérant que le gardien ne soit pas trop loin.

-Hey, y a encore du monde ici!

Les Italiens m’avaient laissé un amer goût dans la bouche, je n’avais pas de bon souvenir d’eux. J’avais auparavant dû travailler avec…un type d’italiens disons plutôt criminel, mon séjour en Italie n’avait pas été de tout repos. Les italiens était trop bruyants pour moi, trop…collants et s’entêtaient à me faire manger jusqu’à ce que je « reprenne un peu de couleur. » Puis venait le fait que je m’étais fait traiter de communiste pendant tout mon séjour. Je ne parlais que rarement de cette mission et ce que j’avais dû payer.
- Italiens ont le sang chaud. Trop intense pour moi. Dis-je en faisant la moue.
Quant à Amy, sont accent était à peine perceptible, personne ne l’entend, sauf lorsqu’il a l’oreille entrainer pour cela.
- Amy a léger accent. Puis son choix d’armes, trop voyant.
Je n’appréciais pas vraiment Amy, elle avait le don de m’irriter, elle parlait de chose qu’elle ne connaissait pas à mon propos et …elle était bonne, je me méfiais toujours des gens qui pouvait constituer une menace pour moi. Je n’aimais pas son attitude, ni son sarcasme…Amy m’enrageais. Je savais que nos deux pays s’entendaient très bien, mais c’était plus fort que moi, les souvenirs que j’avais de l’Italie étaient assez brutaux. Je n’avais aucune intention de partager cela avec quiconque pourtant. Madison me sourit et me dit que si elle éprouvait des difficultés avec son cadenas, elle viendrait me voir. Tant que personne n’apprenait où j’avais appris ce truc, je l’aiderais. Lorsqu’elle se dirigea vers la porte, celle-ci resta obstinément fermer…évidemment.
- бог неба. Grommelais-je en levant les yeux au ciel.
J’observais la poignée et me retournait vers Madison, et moi qui m’étais promis de ne pas en arriver là.
- Se verrouille des deux côtés?

J'écoute avec attention ses raisons pour ne pas apprécier Amy. Après tout, je veux savoir ce que notre nouveau collègue peut reprocher à ma meilleure amie à qui je dis tout. Quand il dit que les italiens sont trop intenses, mes sourcils se froncent, car concernant Amy je suis en désaccord sur ce fait. Je la trouve loin d'être intense, au contraire je me considère plus intense qu'elle qui est surtout discrète et qui ne parle pas beaucoup alors que moi je monopolise souvent la conversation et que je prends beaucoup de place en public. Mais bon, je ne veux pas le contredire premièrement parce que je ne le connais pas, mais aussi parce que tout le monde a le droit d'avoir ses opinions et on ne peut pas plaire à tous et chacun. Il ajoute aussi que contrairement à moi, il a décelé un léger accent chez elle et qu'il a remarqué qu'elle choisit des armes trop voyantes.À cela je hausse les épaules en signe de mon ignorance.

- Je ne connais rien aux armes, en fait elles me font peur pour être franche avec toi. Alors je les fuis autant que je le peux et moins j'en vois, mieux je me porte.C'est pour cette raison que je préfère rester dans ma morgue plutôt qu'aller sur le terrain, surtout pendant les arrestations où il y a souvent une arme à feu qui finit par sortir. Pas besoin de te dire que je me tiens extrêmement loin de la balistique pour les mêmes raisons. Juste le fait de devoir retirer une balle d'un cadavre me déplait et je me dépêche de m'en débarrasser pour la refiler à Amy.

En même temps de voir ses parents transpercés d'une balle, ce n'est pas la meilleure rencontre que l'on peut avoir avec les armes à feu et encore moins la meilleure impression. J'admets ma peur de cette forme de violence sans gêne. En même temps Nikita est un tireur d'élite, alors il doit trouver cela ridicule de ma part d'être effrayée alors que lui au contraire en a fait sa spécialité. Pourquoi tous les gens avec qui je fais connaissance fréquentent de très près ce type d'arme? Quoi qu'il faut avouer que je travaille pour le CSI et donc que tout le monde ici touche les armes de près où de loin... Enfin bref. Quand je réalise finalement que nous sommes enfermés dans la pièce, je regarde mon comparse avec un sourire un peu gênée que par ma faute lui aussi se retrouve coincée. Je me sens terriblement coupable et je ne doute pas qu'il va m'en vouloir encore très longtemps si on arrive pas à se sortir de là rapidement. Il marmonne un truc en russe que je ne comprends pas évidemment, mais je comprends que ce ne doit pas être une exclamation de joie et je baisse alors les yeux comme une enfant qui a fait une bêtise.

-Je suis vraiment désolée, c'est moi qui t'ait ramené ici et qui t'a retardé...

Alors que je formule mes excuses, je le vois observer la poignée de la porte ce que je trouve un peu étrange comme réaction. Quand il me question au sujet de la serrure, j'ouvre de grands yeux, ignorant totalement la réponse à sa question et je recule pour le laisser regarder.

-J'en ai aucune idée, habituellement les portes sont déverrouillées quand j'arrive et quand je pars alors je ne m'y suis jamais intéressée pour être franche... Si tu veux je peux essayer d'appeler Horatio.

Je prends alors mon téléphone que Nikita a sauvé et j'allume l'écran comme tout à l'heure. Toutefois, quand je glisse mon doigt sur l'écran tactile pour déverrouiller mon portable rien ne se produit. Je fronce les sourcils et réessaie encore et encore, mais rien à faire. Je comprends alors qu'il n'a pas vraiment dû apprécier sa chute de tout à l'heure. Je me sens alors encore plus mal à l'aise.

-Oups... Il n'a pas l'air d'avoir aimé que je l'échappe... Est-ce que tu as le tien?

En même temps, qui n'a pas de téléphone portable à notre époque?

J’hochais la tête doucement, ce n’était pas stupide d’avoir peur des armes, c’était intelligent. Une fois que l’on apprenait à les manipuler et à se rendre compte que ce n’était pas l’arme qui commettait un meurtre, mais la personne qui la tenait, elle devenait comme une extension de son bras. J’avais connu quelques personnes en Russie qui avait toujours cette inquiétude et cette peur face aux armes à feu, ils avaient appris à manier les couteaux à la place…et croyez-moi, ils étaient tout aussi dangereux.
- Normal. Dis-je. Fusil pas très rassurant.
Je la vis baisser les yeux, l’air embarrassé et presque coupable. Je me demandais vaguement si j’avais dit quelque chose pour la blesser ou si je n’avais pas choisi les bons mots. Il était beaucoup plus difficile de lire quelqu’un qui semblait venir d’un autre monde entièrement. Puis lorsqu’elle s’excusa, je ne pus m’empêcher un sourire en coin. Je ne croyais décidemment pas que quelqu’un se soucierait un jour que je perde mon temps.
- Pas grave. Dis-je en évitant de la regarder, je n’aimais pas que l’on me voit sourire.
Je reportais mon attention sur la poigner de porte et m’approchais pour constater qu’il y avait en effet une petite serrure pour verrouiller la porte de l’intérieur au besoin. Je me tournais vers Madison et fronçais les sourcils curieux. Je ne trouvais pas le mot anglais que je cherchais, je me mordis les lèvres, puis ouvrit la bouche quelque peu frustré, gesticulant. J’ai sans doute eu l’air assez étrange.
- Épingle à cheveux? Tu en as une? Demandais-je
Elle fouilla dans son sac, sans me faire remarquer à quel point j’avais l’air idiot et m’en posa une dans la main. Je fouillais mes poches et en sorti un petit trombone, vieille habitude de voleur…on ne sait jamais quand on aura besoin de crocheté une serrure. Je pressais l’épingle à cheveux dans le haut de la serrure et avec le trombone que je recourbais et insérais dans la serrure au-dessous de l’épingle à cheveux. J’écoutais attentivement les déclics de la serrure alors que je pressais les goupilles qui composaient la serrure. Je ne sais si ce fut très long, je n’avais plus les mains aussi vite qu’avant. Lorsque je parvins à la dernière goupille de la serrure, le déclic sonore m’indiqua que j’avais réussis. Lorsque je saisi la poignée, elle tourna facilement dans ma main.
- Voilà. Pas de problème.

Je suis à nouveau surprise, mais cette fois-ci en bien quand je l'entends me dire que ma peur est naturelle. En fait, je ne m'attendais pas à ce qu'une personne comme lui puisse comprendre une telle frayeur alors qu'il a une arme à la main ou à la ceinture la majorité du temps. Cependant, je souris, heureuse qu'il comprenne mon sentiment. Il ne parlait peut-être pas beaucoup, mais sa compagnie était malgré tout agréable, je me sentais écoutée et comprise. Toutefois, je ne suis pas au bout de mes surprises puisqu'à mes excuses, un très mince sourire s'affiche au coin des lèvres de Nikita. Certes ce n'est pas un véritable sourire, mais je sens qu'il s'agit de quelque chose de spécial puisque je n'avais même pas vu l'ébauche d'un sourire sur son visage jusqu'à maintenant. Mon but est donc atteint! Il a finalement souri! À cette pensée, un bonheur indescriptible prend possession de moi et affiche un immense sourire sur mes lèvres.

-Je sais que c'est bizarre à dire, mais je suis contente de t'avoir fait sourire. Ça te va très bien et j'aimerais bien que tu le fasses plus souvent. Je pourrais peut-être même en faire un défi personnel.

Je lui adresse un clin d'oeil, amusée. Je suis à moitié sérieuse, car je veux tenter de le rendre plus à l'aise, mais aussi il est vrai que je souhaiterais le voir ainsi plus souvent. Je me tais ensuite pour le laisser observer la serrure, il semblait avoir une certaine expérience dans le domaine contrairement à moi. Quand je le vois faire des mouvements bizarres sans en comprendre la raison, je souris à nouveau, mais de façon amusée sans faire de commentaire pour ne pas le vexer. À ses mots je comprends finalement ce qu'il souhaite et fouille rapidement dans mon sac à main. N'importe qu'elle femme aux cheveux longs digne de ce nom traine une épingle à cheveux avec elle! Je lui en donne une, curieuse de le voir faire. Je penche la tête en le voyant sortir un trombone aussi et commencer à jouer dans la serrure. Ce truc ne fonctionne que dans les films non? Je n'ose malgré tout pas le contredire et le laisse faire. Je suis sous le choc quand je le vois réussir à tourner la poignée. Je ne peux m'empêcher de l'applaudir brièvement avec un sourire.

-Félicitations! Tu as vraiment plusieurs dons cachés à ce que je vois! Un vrai magicien! Je ne savais pas que les tireurs d'élite avaient ce genre de capacités, tu as fait partie du SWAT ou quoi? Allez, sortons avant d'être encore enfermés ici et qu'ils activent le système d'alarme. En tout cas je suis vraiment contente que tu sois venue avec moi finalement, sinon je serais bien restée ici toute la nuit! Merci encore infiniment! Trois services en une journée... Je devrai vraiment faire quelque chose pour te remercier. Est-ce qu'il y aurait quelque chose qui pourrait te faire plaisir?

Je lui parle de tout ça tout en me dirigeant rapidement vers les escaliers pour arriver au rez-de-chaussée et sortir du bâtiment le plus vite possible. Je ne veux pas courir le risque de tomber sur une serrure que le magicien qui m'accompagne n'arrive pas à ouvrir.

Je ne sais pas quoi lui répondre il y a tellement de chose auxquels je pense, mais rien que je ne pourrais dire a Madison. Pourquoi Est-ce qu'elle voulait me voir sourire a ce point? Tout ceux a qui je souriais finissaient par partir. Une alarme sonnait en moi, les gens trop heureux cachaient des choses. Je ne m'étais pas méfier de Madison jusqu'ici, elle m'avait sembler inoffensive, mais quiconque voulait s'approcher de moi, me faisait peur. Les émotions, je pouvais les imiter et faire croire aux gens que je les ressentais, que j'étais sincère. Je prenais soin de m'éloigner de tous pour justement que personne ne me force a être sincère. Les émotions je les fuyais, j'étais bien dans ma prison de glace. J'évitais de la regarder.
- N'essaie pas Madison. Dis-je tout bas, je sentais mes doigts trembler et la frustration monter en moi, je ne laisserais personne s'approcher de moi. Je n'ai besoin de rien. Dis-je plus doucement, moins froid, lorsqu'elle me demanda comment me remercier.
Je m'éloignais a grande enjambée, mais qu'Est-ce que ses américains avaient tous? Pourquoi devait il se mêler de tout? Je ne leur appartenais pas, je sourirais si je le voulais et je ferais bien se qui me chanterais pour l'amour de Dieu. Je n'avais pas connu beaucoup de gentillesse dans ma vie et a chaque fois, elle finissait par me poignardé dans le dos cette foutue gentillesse. Mes mains tremblaient beaucoup et je me dépêchais de quitter le bureau sans un regard pour Madison. L'espace d'un espace je me senti désolé, mais j'étais fatigué, encore sur le décalage horaire et j'avais été forcé hors de ma zone de confort, je n'avais pas de nouvelles de mes amis russes depuis près d'un mois et j'étais sur le même sol que ma mère depuis que j'avais 7 ans...il y avait trop longtemps que j'avais eu de crise de colère, mais j'en sentais une poindre dans ma poitrine. Je poussais les gens hors de mon chemin, je voyais rouge, je finis par courir jusque chez moi.

Alors que je pensais avoir finalement réussi à adoucir l'homme distant qu'est Nikita puisqu'il m'avait finalement sourit, celui-ci me répondit plutôt froidement de ne pas tenter de recommencer. Mon propre sourire s'efface alors rapidement de mon visage pour être remplacé par une expression de peine. Je voulais simplement le faire sourire, lui faire goûter aux joies de la bonne humeur et au contraire il n'en était devenu que plus distant qu'avant. Je ne comprenais pas ce qu'il y avait de mal là-dedans. Je n'avais rien dit de mal, je n'avais fait que le complimenter! Il ajoute plus doucement qu'il n'a pas besoin que je le remercie, mais le mal est déjà fait. Je suis très déçue et même blessée qu'il me réponde aussi froidement alors que nous commencions à bien nous entendre. De la confusion s'ajoute à ma déception quand je le vois partir à grands pas, sans même me dire au-revoir. Quelque chose ne tourne vraiment pas rond. Ce n'est pas normal que son attitude ait changé aussi subitement. Sans même prendre la peine de réfléchir, je me lance alors à sa poursuite, me sentant coupable de lui avoir fait du mal, enfin c'est ce que je crois.

-Nikita attends! Je ne voulais pas te vexer tu sais!

Il ne se retourne même pas pour me regarder mais cela n'a aucune importance, je ne pourrai pas avoir la confiance tranquille tant que cette histoire ne sera pas tirée au clair et que je ne pourrai pas m'excuser d'avoir dit quelque chose de déplacé. Je comprends que la situation est encore plus grave que je ne le pensais quand il se met à courir. J'essaie tant bien que mal de le rattraper, mais j'ai beaucoup de difficulté à le suivre, car je suis loin d'être aussi sportive qu'il semble l'être. Il semble fuir, mais quoi? Ce n'est pas comme si j'avais essayé de l'agresser!Je le vois même pousser des gens et je deviens alors complètement perdue, ne comprenant pas ce qui a bien pu arriver pour qu'il devienne aussi agressif. Il arrive à prendre de la distance de plus en plus, mais je refuse d'abandonner et continue de courir. Ma gorge me brûle et j'ai une vive douleur dans la poitrine à force de courir autant. Sans savoir qu'il était presque arrivé chez lui alors qu'il se trouve à plusieurs mètres devant moi, je sens mon pied se poser dans un trou, déformant ainsi la position normale de ma cheville. Une vive douleur s'élance le long de ma chambre et je m'affale misérablement sur le sol. Merde! J'avais simplement voulu aider quelqu'un et me voilà toute seule et blessée, tout en ayant des remords d'avoir vexé un homme que je connais à peine. Grimaçant, je m'assois pour commencer à examiner mon pied. Rien de très grave mais rien d'anodin non plus, probablement une bonne entorse. Échappant un profond soupire, je tente de me relever en sachant que je n'ai plus de chances de le rattraper.

Déja l'air frais me rafraichit l'esprit, refroidit quelque peu la colère qui m'agitais. Je n'aimais pas perdre le contrôle de moi, ce n'était pas arriver depuis que j'avais 16 ans. J'ouvris la porte du minuscule appartement que j'appelais a contre cœur chez moi. Je me laissais glisser le long de la porte d'entrée et pris de grande respiration, la tête me tournais. C'était mieux pour Madison si nous n'étions pas proches, je n'étais pas une bonne personne. Je sursautais lorsque la petite tête d'Adelina apparut de sous le divan. C'était un chaton qui s'était présenté a ma porte chaque jour depuis six mois, j'avais fini par la laissé entré chez moi. Elle n'était jamais parti. Adelina n'était pas plus grosse qu'une boîte de kleenex.
- Tu es un chat étrange Adelina. Dis-je la voix rauque en la voyant trainer son petit lit derrière elle. Elle le trainait partout ou elle allait.
Ce soir la, je tombais endormi contre la porte d'entrée de mon appartement. Le lendemain lorsque j'arrivais au travail, je baissais les yeux lorsque Madison me lança un regard.