Don't tame your demons but keep them on leash (Madison)

Ce dossier que je trainais depuis maintenant quelques jours me pesait sur la conscience. Ce qui s'y trouvait ne plairait pas à Madison et je ne savais pas pourquoi, cette histoire me rappelait que mes propres parents n'avaient été parents que sur mon certificat de naissance. J'étais assis sur la table près de la machine à café, un verre d'eau dans la main, j'avais passé la matinée à interroger un présumé pédophile et il n'avait rien trouver de mieux que de moquer mon accent. C'était loin d'être la journée la plus paisible de ma vie, même si elle n'était pas des plus mouvementé. Je devrais donner se dossier à Madison bientôt, si je le gardais plus longtemps on risquait de découvrir son absence et cela signifierait des ennuis pour Madison et tellement de merde pour moi, que je m'arrêtais d'y penser. Lorsque je levais la tête, je vis Madison faire son chemin dans le couloir, je ne savais pas trop où elle comptait aller, mais j'allais prendre cette opportunité.

- Hey Madison! Attends! L'appelais-je me mettant sur pied et me dirigeant vers elle.

Elle se tourna vers moi, s'arrêtant de marcher. Je devrais sans doute m'excuser d'avoir dû terminer notre soirée tôt, mais je ne le fis pas. Sans raison précis, juste parce que j'avais du mal à le faire sans doute.

- Je crois que je devrais te remettre le dossier. Lui dis-je. Si tu es d'accord.

Si elle ne l'était pas j'irais le ramener c'était tout.

Même si faire des autopsies n'est pas une activité très joyeuse, habituellement j'arrive à m'y faire en me disant que cela permet d'empêcher que davantage de cadavres ne se retrouvent sur ma table d'autopsie. Seulement, il arrive parfois qu'il est difficile de garder le cœur accroché, par exemple dans ce dossier où les cadavres se trouvant sur la table d'opération sont à peine plus grands qu'un mètre et n'ont été vivants qu'environ une dizaine d'années. J'ai toujours adoré les enfants et voir leurs petits corps sans vie m'arrache carrément le cœur. Il faut donc dire que mon moral n'est pas au top pour le moment et que je me mets au travail à contre cœur. Je sais que je dois absolument le faire pour empêcher que davantage d'enfants ne meurent. Alors que j'allais sortir pour me rafraîchir un peu les idées, je me fais interpeller et je reconnais cette voix entre milles. J'avais tenter de ne pas trop penser à Nikita après notre soirée ratée, je voulais lui laisser de l'espace tout simplement. Après tout on n'est que collègues donc nous n'avons pas besoin de discuter en dehors du travail. On ne s'était pas parlés depuis et j'avalais tranquillement la pillule. Je me force donc à lui sourire pour ne pas lui montrer mon mécontentement. J'avais un mince espoir qu'il souhaite s'excuser pour la fin abrupte de notre rencontre, mais je n'ai pas beaucoup d'espoirs. Et j'ai eu raison de ne pas me faire d'illusions puisqu'il se contente de me parler du dossier de mes parents. Avec tout ce qui s'est passé je l'avais presque oublié alors que c'est supposé être mon principal but.

-Oh, oui c'est vrai... Avec cette enquête je l'avais presque oublié... Hum... Est-ce que ça peut attendre un peu? Je viens de finir l'autopsie de la première victime et je suis pas vraiment en bon état en ce moment... Si tu veux je peux passer à ton bureau ce soir après le boulot. En plus c'est mieux s'il n'y a pas de témoin.

Je ne pu m'empêcher de remarquer que Madison avait l'air plutôt...triste? Je ne sais pas, elle n'était pas dans son assiette et je pouvais le sentir. Bon, peut-être que j'y étais pour quelque chose, je n'avais pas été des plus agréables avec elle. Je n'aimais pas devoir faire face aux sentiments, pas les miens, ni ceux des autres. J'avais envie de lever les yeux au ciel, mais je me retenue. Je comprenais que sa journée était sans doute chargé et loin d'être heureuse vu la jeune victime qui était étendue sur la table d'opération. Je hochais la tête lorsqu'elle me proposa de passer à mon bureau se soir pour récupérer ce dossier qui commençait à me peser lourd. J'allais devoir chasser Amy pourtant.

- Oui. D'accord. Je t'y attendrais.

Madison hocha lentement la tête et continua son chemin, je su que je devrais sans doute dire quelque chose, m'excuser ou lui expliquer la raison pour laquelle j'avais du partir si rapidement. Elle était déjà loin lorsque je soupirais et jurais sous ma barbe.

- Oh fait Madison... Je suis désolé. Lui dis-je

Je n'avais qu'une envie en ce moment, sortir dehors. Je me sentais étouffée par le poids de tout ce qui arrivait. Le jeune enfant blaffard et sans vie sur ma table d'autopsie, le dossier de mes parents, ma relation avec Nikita qui ne se passe pas du tout comme je le pensais... Je dois être franche, au début je le trouvais plutôt mignon et le fait qu'il soit carrément complémentaire à moi me plaisait bien. Je le trouvais intéressant quoi... Au point que je m'étais fait des idées je l'avoue. Jason m'avait bien avertie de ne pas m'emballer trop rapidement puisque je ne le connaissais pas et qu'il semblait difficile d'approche, et j'aurais dû l'écouter. Cette soirée que nous avions passé ensemble et le fait que nous avions planifié d'aller à l'opéra ensemble en plus du voyage n'avait fait que renforcer mes espoirs. Ayant opté pour des études en médecine, j'ai toujours été concentrée sur mes études, négligeant ainsi ma vie sociale. Bien sûr j'ai eu d'excellent(e)s ami(e)s comme Amy, mais je n'ai jamais vraiment eu de petit copain du coup j'ai tendance à m'emballer quand un garçon me porte un minimum d'attention. Et au cours des derniers jours, j'ai réalisé que c'est exactement ce qui s'est passé avec Nikita. J'ai imaginé des signes où il n'y en avait pas et je m'étais fait des illusions. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je l'avais évité ces derniers jours, le temps que j'accepte la réalité et cette déception, donc douleur, que cela m'apportait. Dès qu'il accepte ma proposition de seulement prendre le dossier en soirée, je hoche la tête pour confirmer et me dépêche de m'éloigner pour aller chercher l'air frais. Le simple fait de lui avoir parlé ainsi et de remarquer cette distance qu'il y avait entre nous m'avait fait mal au cœur, plus que je ne l'avais imaginé. Moi qui pensait lui demander de l'aide pour le dossier de mes parents, ce sera plus difficile que prévu. Si je n'arrive même pas à parler avec lui plus de deux minutes, comment pourrais-je collaborer avec lui pour élucider un meurtre irrésolu? Ayant filé comme une flèche et plongée dans mes pensées, je n'entendis pas les excuses de ce dernier, elles m'auraient probablement juste donné de faux espoirs de toute façon. J'atteins finalement le monde extérieur où je prends une grande bouffée d'air frais. Voyant un banc non-loin, je m'y assois et me passe les mains dans les cheveux. Moi qui suis habitué de toujours être heureuse, je ne supporte pas d'avoir mal comme ça à l'intérieur. Bien sûr c'était arrivé lors de la mort de mes parents, mais là c'était différent.

Le soir venu, je me rends vers la ballistique. Je suis encore moins en forme que ce matin. Les pensées qui avaient surgies par ma discussion avec Nikita m'ont tourmentée sans arrêt et j'ai bossé comme une folle pour tenter de trouver le moindre microscopique détail qui permettrait de trouver le monstre qui avait pu faire du mal à des enfants si innocents. J'ai un mal de tête atroce et tout ce que je souhaite c'est aller dormir. Je crois que tout ce que je vais faire c'est prendre ce foutu dossier et rentrer pour l'oublier pendant quelques temps, le temps de pouvoir m'éclaircir les idées et le cœur. J'ouvre alors la porte et regarde autour pour m'assurer qu'Amy n'est pas là et si Nikita au contraire est présent.

-Salut, c'est Madi.

En regardant Madison s'éloigner, je réalisais soudain que la raison de ma présence en Amérique allais se compliquer. Je n'avais pas prévu rencontrer ses gens. Ils étaient tellement humains et semblait réellement se soucier de moi, ce qui me surprenait au plus haut point. Leur faire du mal me serait difficile. C'était une complication que je n'avais pas prévu. Je m'éloignais à mon tour. Je me rendis à la balistique en silence, les mains dans les poches. J'avais vécu la plupart de ma vie seul et maintenant que je mettais les pieds en Amérique je découvrais que l'amitié d'une personne pour une autre n'était nécessairement une arme. Je poussais les lourdes portes de la balistique et me dirigeais vers mon bureau, dans un sac se trouvait des balles que j'avais à analyser puisque Amy et Horatio se trouvait sur le terrain pour l'après-midi. J'ouvris le sac et entrepris d'analyser les trois petites balles. Elles étaient beaucoup trop petite en circonférence pour venir d'un fusil automatique. Elles me semblait vieillottes aussi. Après quelques heures j'en suis venu à déduire que les balles devait provenir d'un petit Colt 9 millimètres datant des années 40. Je n'avais plus qu'à regarder le temps filer maintenant. Je jouais avec la radio reposant sur le bureau d'Amy et entrepris de l'ouvrir. J'observais les pièces et le mécanisme de la petite machine qu'Amy faisait jouer beaucoup trop fort dans la balistique. Je levais la tête lorsque Madison poussa la porte de la balistique et s'annonça.

- Tu peux entrer Madi je suis là. Lui laissais-je savoir.

Je laissais la radio ouverte sur mon bureau et me levais, il était rare que Madison décide de descendre à la balistique. Sous les néons de mon bureau, Madison semblait une hallucination, bleuté.

- Tu veux à boire? Nous avons...de l'eau et je crois qu'il doit bien rester quelques 7up.

Je me retournais vers elle et réalisais qu'un jour Madison saurais ce que j'étais, tout les mensonges qui m'entourait et ce jour là...j'espérais seulement qu'elle se rappelle qu'elle détestais les armes à feux.

En entendant la voix de Nikita, je ne peux m'empêcher d'avoir un petit pincement au cœur. Je me dis qu'avec le temps ça devrait passer. De toute façon je n'ai pas trop le choix puisqu'on risque de travailler ensemble encore un moment et donc se croiser de temps en temps. Ce n'est pas exactement ce que j'espérais, mais ce à quoi je devrai m'en tenir. Je prends alors une inspiration pour me donner du courage avant de m'approcher vers lui. Je lui souris alors, et pour l'une des uniques fois, il s'agit d'un faux. Tous les jours j'affiche mon sourire sans effort, simplement parce que je suis heureuse et que je veux rentre les gens heureux. Pourtant cette fois, c'est bien l'une des premières fois que je dois m'efforcer à le faire, ce qui est très loin de mes habitudes. J'ai l'impression que depuis la mort de mes parents tout semblait s'assombrir peu à peu, les récents secrets de la part de mon jumeau et de ma meilleure amie, si je peux encore la nommer ainsi, n'aidant pas à la cause et l'enquête du moment aidant encore moins. Autopsier des enfants c'est supposé remonter le moral? Bref, j'arrive donc face à Nikita qui me propose quelque chose à boire. Entendant jouer la radio sur son bureau, je devine qu'il n'a pas l'intention que la discussion s'éternise.

-Non merci ça va aller, je crois que c'est mieux pour toi comme pour moi qu'on fasse ça le plus rapidement possible avant de s'attire des ennuis. Je ne voulais pas autant te mêler à tout ça encore pardon, j'aurais jamais dû te demander quelque chose de pareil alors qu'on se connaît presque pas.

Et que tu ne sembles pas particulièrement m'apprécier, mais cela je le garde pour moi. De ce fait, je me demande encore pourquoi il a accepté ma requête... En y pensant bien, probablement pour satisfaire son instinct de voleur ou un truc du genre.

Madison refusa de boire quoique se soit et je haussais les épaules, très bien alors. Je comprenais qu'elle ne veuille pas que cette affaire s'éternise, moi non plus à sa place je ne voudrais pas être pris avec se dossier dans les mains. Je me figeais lorsqu'elle me dit qu'elle ne voulait pas me mêler à cette histoire et m'attirer des ennuis. Il était beaucoup trop tard pour ça. Je pris mon sac et sans la regarder je saisi le dossier qui renfermait le secret du meurtre de ses parents.

- Tu es certaine de vouloir te plonger là-dedans? Demandais-je en me retournant.

Je savais ce que c'était que de désirer vengeance, mais je savais aussi que cela n'apaisait que rarement ma douleur. Je lui tandis tout de même le dossier et m'assis sur mon bureau en fermant la radio.

- Que compte tu faire maintenant? Demandais-je.

La réponse ne me regardait pas, mais plus je passais de temps avec Madison, moins j'avais envie de lui faire mal. Même si il était déjà trop tard.

C'est avec une certaine impatience que je le vois prendre le fameux dossier tant attendu. Premièrement parce que je n'aurai pas à continuer cette discussion qui me met légèrement mal à l'aise, mais surtout parce que j'aurai enfin entre les mains le dossier que j'attends depuis si longtemps. Alors que mes mains se tendent déjà vers lui pour le lui prendre, il me demande si je souhaite vraiment continuer pendant qu'il est encore temps. Je dois avouer que sur le coup, sa question me fait légèrement douter. Je sais bien que ce que je peux découvrir risque de ne pas me plaire, et même qu'il est possible que je ne trouve rien du tout, ce qui serait encore plus frustrant, surtout si on prend en compte le fait que je fasse cette enquête seule sans aucune connaissance dans ce domaine. Malgré ces quelques doutes, je hoche la tête de façon assurée.

-Oui, je dois savoir, sinon je n'aurai jamais la paix, ça continuera de me hanter et je continuerai d'avoir peur qu'il s'en prenne à moi, ou encore pire, à Jason.

Il me donne finalement le dossier que je prends sans hésiter puis le range précautionneusement dans mon sac pour ne rien perdre et ne rien froisser. Je devrai tôt ou tard le remettre dans le même état que Nikita l'a pris. Alors que je suis sur le point de le remercier et de partir, je l'entends me poser une question à laquelle je ne m'attendais pas vraiment. Je pensais qu'il se contenterait de me donner le dossier et basta, pas de me questionner sur ce que je vais en faire. Surtout que... j'en ai aucune idée. Je tente malgré tout de lui sortir du baratin en espérant qu'il y croit, ne voulant pas l'impliquer davantage dans mes problèmes personnels.

-Eh bien... feuilleter le dossier serait déjà pas mal, regarder la liste des suspects, regarder les photos pour tenter de voir quelque chose qui aurait pu être oublié, les rapport d'autopsie... ce genre de chose quoi...

À mon avis c'est plutôt évident que je n'ai aucune idée de ce que je dois faire, mais j'espère que par miracle ce sera suffisant pour le convaincre.

Je sentis le malaise monter le long de mon dos. Le tueur ne s'en prendrais pas à elle, ni à son frère. J'airais pu lui assurer, mais je choisis de ne rien dire. Je hochais la tête en observant mes souliers. Peut-être que je n'aurais pas dû me mêler de cette histoire, j'aurais sans doute dû laisser Madison faire face à ses démons seule, mais je n'avais jamais su refuser un défi et voilà où je me trouvais. Elle m'expliqua qu'elle comptait feuilleter le dossier, consulter la liste de suspect, le rapport d'autopsie. J'aurais pu lui dire, maintenant, tout de suite qu'il s'agissait d'une balle d'un Kalashnikov tirer juste sous la gorge de sa mère et entre les yeux de son père. Je ne lui dis rien, mon instinct de survie me disait de garder tout enfermer à l'intérieur de moi. Puis elle mentionna les photos, les mêmes photos qui trainaient entre les pages de mon exemplaire de L'Oiseau de feu. Ma gorge était serrée.

- Eh bien...bonne chance. Si tu as besoin d'aide...tu sais où me trouver. Lui dis-je.

J'eus envie de grogner de frustration, pourquoi lui avais-je proposé mon aide? Je n'aurais pas dû, mais il était trop tard, les mots étaient sortis et je ne pouvais pas les reprendre.